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Jugatsu

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les avis de Cinemasie

9 critiques: 3.47/5

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51 critiques: 3.55/5



Xavier Chanoine 2.5 3-4x = 2.5
Marc G. 2.25 Glaciale
Ordell Robbie 4 Des maladresses formelles mais art du montage et sens du cadre sont déjà là.
Sonatine 4.5 Errance à Okinawa.
Ghost Dog 4 Le second film de Kitano et le premier dont il est l’auteur en totalité, ...
Junta 2.5 Malsain et dérangeant, le Kitano que j'aime le moins.
Alain 3.25
Tenebres83 3.25
MLF 5
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


3-4x = 2.5

Takeshi Kitano prouve qu'il est un réalisateur plutôt polyvalent. Comme d'habitude, son film est fait de mystères dans un quotidien très banal, en effet on suit les mésaventures d'un jeune looser de station service pris de menace après avoir frappé un Yakuza. Pour faire plus simple, c'est bien le truc qu'il ne faut pas faire là-bas. Le film est traité sur un ton le plus neutre et naturel possible. Aucune musique, un paysage banal, des Yakuzas plus gueulards qu'autre chose, et une relation amoureuse timide entre le héro et une jeune femme.

Mais le tout se corse dès l'arrivée de Uehara, interprêté par un Kitano peteur de plombs. Il tabasse sa femme sans gêne après lui avoir ordoné de faire l'amour à un de ses subordonés, lui tire un coup puis la laisse seul dans un champs comme si l'on jetait une vieille chaussette. Il n'hesite pas à piccoler, à tenter de violer un de ses sbires, bref, quand Kitano arrive, gerbes de sangs et cassages de bouteilles sur la tronche s'enchaînent à vitesse de la lumière.

Mais le plus déroutant est au final...le film en lui même. Manquant cruellement d'ambiance, d'intérêt et d'émotion (ce n'est pas un looser nébuleux, une poignée de Yakuzas excités et un Kitano qui en fait des tonnes qui vont me faire lacher une larme), Jugatsu aurait pu être uniquement une jolie fable sur la vie d'un paumé fan de Baseball. Non au lieu de ça, le scénario prend une toute autre forme, le film bascule dans une violence douteuse (les excès de Kitano) en l'espace de quelques minutes, faisant perdre à Jugatsu ses quelques espoirs de tireur de larme. On se retrouve au final avec un film de gangs dénué de tendresse et d'émotion qui faisait son charme en première partie. On est encore loin du savant mélange des genres de Sonatine, Hana-bi ou encore Kids return.

Ceci dit, il reste quelques séquences magnifiques, comme celles où Kitano et ses compagnons entament une partie de baseball improvisée sur la plage ou le court moment passé dans le champs de fleurs japonaises. On restera quoiqu'il en soit un peu sur notre faim même si l'on sait au fond de nous que le meilleur reste à venir.

Esthétique : 2.75/5 - Assez bancale, manque de folie évidente. Musique : -/5 Interprétation : 3.5/5 - Digne d'autres productions Kitaniennes. Un ensemble attachant. Scénario : 3/5 - Deux histoires parrallèles, bien construites.



11 février 2006
par Xavier Chanoine




Errance à Okinawa.

Acte un : Une partie de Base Ball, acte deux : Accrochage avec les Yakusa, acte trois : Voyage à Okinawa, acte quatre : Rencontre avec un Yakusa particulier (Takeshi Kitano), acte cinq: Errance à Okinawa et enfin acte six: Règlement de compte. Une façon très simple de résumer une œuvre pessimiste mis en scène par Takeshi Kitano avec une extrême simplicité. Un cinéma au style unique.

01 décembre 2000
par Sonatine




Le second film de Kitano et le premier dont il est l’auteur en totalité, Jugatsu est un film dérangeant, déroutant et glacial, bref indispensable.

Premier constat après la vision de ce film : c’est bien du Kitano. Le montage elliptique si particulier à son auteur est déjà bien rodé (exemple : on voit un jeune homme tout fier de rouler en moto sans casque, et le plan suivant on le voit par terre, le visage en sang…), les scènes récurrentes sont déjà présentes (les jeux sur la plage), la violence sourde et si choquante parce que si banale nous explose déjà à la figure.

Deuxième constat : Kitano n’avait pas encore rencontré son compositeur préféré, Joe Hisaishi… En effet, durant 90 minutes, Kitano ne nous gratifie ni d’une mélodie, ni même d’une note ! Les génériques de début et de fin sont muets, comme d’ailleurs beaucoup de scènes du film où le silence règne. C’est suffisamment rare pour être signalé, et cette non-communication par le son contribue grandement à la signification et à l’interprétation que l’on peut tirer de ce film.

>Troisième constat : Jugatsu est peut-être le film le plus intéressant de Kitano, parce que le message qu’il y fait passer est assez explicite et provoque des réactions chez le spectateur. En effet, Kitano donne à voir l’état d’esprit caractéristique du peuple japonais, qui peut se résumer par le clivage soumission / domination ici porté à l’extrême. Les soumis sont les jeunes, les femmes et une grande partie des hommes, qui courbent l’échine sous les coups d’une poignée de caïds qui se croient tout permis et qui abusent de la soumission des autres.

Le personnage incarné par Kitano, lui, est un électron libre. Il profite de sa situation de dominant pour taper sur les faibles (sa femme se prend des baffes à répétition sans broncher simplement parce qu’il l’a obligé à coucher avec un des membres de son clan et qu’elle s’est exécutée, il viole, il coupe des doigts à tout va…), et n’hésite pas à se rebeller contre son statut de dominé, en crachant sur ceux qui le dirigent, voire même en les descendant. Scandale ! En tentant de changer sa condition, en tentant de dominer à son tour, il est condamné au châtiment suprême : la mort.

Le jeune héros spectateur de cette histoire, qui pensait lui aussi qu’un jour il pourrait dominer, être un leader (grâce au base-ball ou aux yakusa), et qui finalement se fait embaucher comme caissier dans une supérette sous les ordres d’un patron, se rend à l’évidence : le suicide est la seule solution pour échapper à sa condition d’homme soumis…

Le dernier plan renvoie au premier plan du film : on voit le jeune japonais sortir des toilettes et courir rejoindre son équipe de base-ball, innocent et naïf. Il n’est pas encore conscient de sa condition. Nous, si. C’est pour ça que le film est si glacial et si pessimiste.



27 novembre 2000
par Ghost Dog


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